Chapitre 11

 

Tula préférait les leçons avec Mooreï. Elle les recevait comme les autres dotta de son âge, avec les leçons d’Antoné et des captes qui s’occupaient des enseignements pratiques comme la cuisine ou la menuiserie et surtout ce qui concernait la principale production de Béthély pour le troc, les tapisseries et les étoffes. Les leçons d’Antoné ne l’intéressaient pas outre mesure. Elles étaient bien grises à l’époque, à vrai dire, des accumulations de faits et de chiffres, comme s’il était devenu terriblement important pour la jeune Médecine de prouver que le monde vivant était une machine, complexe certes, mais qui ne pouvait résister à un examen méthodique. C’était l’année où l’hiverné avait ramené Kélys mais où on ne les voyait presque jamais ensemble, comme si elles avaient été deux aimants que rien ne peut rapprocher.

Tula préférait sans doute l’ambiance de la Mémoire : sa paix intérieure, ses certitudes. Elle ne la percevait pas aussi clairement que Lisbeï, moins bien en fait que la raideur fragile d’Antoné, mais assez pour pouvoir affirmer qu’elle préférait la Parole à la biologie. La lumière d’Antoné ou de Kélys ne semblait pas la déranger, encore moins celle de Selva qu’elle n’avait presque jamais rencontrée de près (la barrière-miroir qu’elles semblaient seules à pouvoir créer était un sujet tabou). La résonance partagée avec Lisbeï elle-même ne paraissait lui poser aucun problème : elles étaient ainsi parce qu’Elli les avait voulues ainsi. Elle ne voyait pas pourquoi opposer Parole et biologie, comme le faisait implicitement Antoné : de toute évidence la Parole était bien plus complète. Lisbeï se retrouvait alors dans cette situation étrange de soutenir un point de vue qu’elle avait le sentiment de ne pas vraiment partager – elle non plus ne voyait pas pourquoi opposer Parole et biologie : elles se complétaient. Mais elle imaginait trop facilement des objections face aux certitudes de Tula. En même temps, elle était d’accord avec Tula, évidemment.

Tula levait les bras au ciel : comment pouvait-on être à la fois des deux côtés ? Mais c’était ce qu’il fallait, essayait de lui expliquer Lisbeï. C’était ce que devait essayer de faire la Capte, avoir conscience des différents points de vue et les unifier. Ce n’était pas exactement ce que faisait Selva, pourtant, remarquait parfois Tula, et la discussion tournait court assez vite, Selva étant un sujet difficile pour toutes deux. Mais, pour Tula, le cube était plein ou il était creux. « Les deux en même temps ! avait protesté Lisbeï. C’est notre point de vue qui change, quand nous le regardons… » Elle s’était alors demandé ce qui se passait quand personne ne regardait le cube. À quoi Tula avait répondu en haussant un peu les épaules qu’il y avait toujours Elli, partout, pour tout voir. Une réponse si parfaite pour assurer l’existence continue du monde que Lisbeï n’avait rien trouvé à y reprendre.

C’était peut-être cela, cette faculté de croire, d’être une seule chose à la fois, qui rendait la taïtche si difficile pour Tula. Comme Lisbeï, et comme un certain nombre de dotta de leur génération à Béthély, elle n’avait aucun mal à glisser dans la légère transe provoquée par les exercices de concentration et de respiration enseignés par Kélys. Mais elle ne pouvait pas s’empêcher de continuer à glisser ensuite. Là où Lisbeï avait rapidement appris à rester sur le fil, suspendue dans les sensations étranges que la transe suscitait en elle, en équilibre entre l’intérieur et l’extérieur de son corps, Tula glissait vers l’extérieur. Les limites de sa conscience et de son corps se diffusaient, se diluaient, et Kélys avait dû interrompre la première séance de taïtche parce que Tula était tombée dans une sorte de coma. Par la suite, seul le recours à la barrière-miroir lui avait permis de continuer l’entraînement. Du moins était-elle capable de répéter les mouvements de base sans faute, et même avec une aisance gracieuse qui pouvait faire illusion. Mais elle savait, et Lisbeï savait, qu’elle appliquait en quelque sorte la lettre, mais non l’esprit, de ce qu’essayait d’enseigner Kélys. D’un commun accord tacite, la taïtche avait cessé d’être un sujet de conversation entre elles.

Lorsque commença l’entraînement à la parade, la situation s’inversa. Dans la taïtche, on apprend à connaître les limites de son corps et à le placer sans erreur dans son propre espace ; on effleure les limites de l’espace d’autrui, mais brièvement, pour aussitôt revenir au sien. Dans la parade, au contraire, c’est l’espace de la partenaire qu’il faut aller toucher, sur lequel il faut apprendre à modeler le sien. Et Lisbeï n’arrivait pas à décoller de son fil. Ou alors… Mais elle dut s’immobiliser au bout d’un moment, en sueur et le cœur battant à tout rompre, sa concentration brisée. Quelque chose l’avait tirée de la transe, elle ne savait quoi ni comment, il y avait un blanc dans son souvenir.

Après cette séance, alors qu’elle sortait des douches bien après les autres, accablée, la maîtresse-gymna la rejoignit en quelques longues enjambées : « Attends un peu, Lisbéli » (elle lui avait toujours donné ce surnom tendrement enfantin, l’appellerait encore ainsi même lorsque Lisbeï serait devenue adulte). Elle la ramena dans la salle d’exercice, s’assit avec souplesse sur une des nattes et invita d’un geste Lisbeï à en faire autant. Après avoir médité un instant, elle sourit : « Nous avons un petit problème, semble-t-il. »

Lisbeï retint une exclamation sarcastique. Un « petit problème » ! Elle n’était pas capable de faire la parade ! Elle était la future Mère, un jour elle aurait à Danser pour toute Béthély lors de la Célébration, et elle n’était même pas capable de faire la parade !

« Je dis nous, continuait Kélys comme si elle n’avait pas perçu le sursaut de Lisbeï, parce que j’ai eu le même. Il semble qu’on ne puisse pas toujours être très douée à la fois pour la taïtche et la parade… »

Lisbeï s’était redressée et la contemplait avec un espoir incrédule, déjà pleine de gratitude : Kélys pouvait l’aider, Kélys allait l’aider, bien sûr !

« Tu te rappelles la première séance de taïtche, Lisbéli ? Au tout début, quand tu t’es sentie aller vers l’extérieur ? Tu as un peu trop bien appris à raccourcir cette phase-là. Et maintenant, tu la supprimes sans même t’en rendre compte. C’est là qu’il faudrait revenir pour commencer. Veux-tu essayer avec moi ? »

Bien sûr, Lisbeï voulait essayer avec Kélys ! Et d’abord, il n’y eut pas de problème : elle pouvait retrouver la première phase de la taïtche, surtout avec Kélys, dans sa présence si calme, si parfaitement… ordonnée. Et quand Kélys commença à glisser dans les enchaînements de la parade, elle crut d’abord que tout irait bien aussi. Il suffisait, n’est-ce pas, de s’ouvrir aux fluctuations dans la présence de l’autre et de les imiter, c’était très simple, laisser le jeu d’écho se diversifier peu à peu, s’accélérer de résonance en résonance, comme de la lumière entre deux miroirs, et…

Et Lisbeï se retrouva à genoux sur la natte, tremblante, la gorge douloureuse d’un cri qu’elle ne s’était pas entendue pousser. Kélys la prit dans ses bras, la berça un peu, et quand Lisbeï put de nouveau goûter la lumière de Kélys, elle sentit, à sa tristesse un peu résignée, que la maîtresse-gymna ne pouvait rien pour elle.

Kélys n’essaya même pas de lui dire qu’elle aurait dû se fabriquer une barrière-miroir, comme Tula pour la taïtche ; il fallait créer la barrière-miroir pour bien parader, ou une configuration intérieure très semblable, mais Kélys savait que Lisbeï n’en serait pas capable. Lisbeï aurait été très étonnée si on lui avait dit qu’avoir justement perçu cette barrière-miroir lui avait fait rompre le contact avec Kélys, comme plus tôt avec son autre partenaire.

Lisbeï n’aurait pas compris pourquoi. Lisbeï, bien sûr, ne pourrait jamais s’entraîner à la parade avec Tula.

Elle finit, en désespoir de cause, par décider de ne pas vraiment passer par les exercices de concentration et d’avoir recours à la perception normale qu’elle avait d’autrui. Pour une raison ou pour une autre, c’était moins difficile si elle n’était pas en transe. Elle pouvait filtrer ses perceptions, les contrôler suffisamment pour adapter ses mouvements à ceux de sa partenaire. Mais toujours juste un peu trop tôt ou juste un peu trop tard. L’écart s’amenuiserait à force d’entraînement féroce, jusqu’à ne plus être perceptible qu’à un œil très attentif comme celui de Kélys – ou de Tula.

La parade, comme la taïtche, disparut de leurs conversations.

 

* * *

 

(Antoné/Lettre)

 

Béthély, 14 de marsie 487 A.G.

 

Très chère Linta,

Ta lettre m’a fait beaucoup de bien. À vrai dire, j’ai souvent dû me retenir de pleurer en la lisant. Nous sommes de meilleures amies que nous n’avons été de bonnes compagnes – et peut-être, comme tu me l’as dit une fois, n’aurions-nous jamais dû devenir des compagnes. J’ai l’impression que tu comprends mieux que moi ce qui se passe – et mieux que Kélys. Ou du moins n’as-tu pas de motifs pour prétendre ne pas comprendre. Je la sais trop perspicace, et dans tous les sens du terme, pour ne pas connaître mon état d’esprit. C’est donc qu’elle a décidé, pour des raisons qu’elle ne veut pas me révéler, de faire comme si elle ne comprenait pas. Pour elle, nous nous sommes donné ce que nous avions à nous donner et c’est terminé. Elle continue à m’éviter, sans ostentation, et quand elle ne le peut pas elle est d’une gentillesse parfaite, je dirais même sincère, ce qui rend la situation encore plus insupportable pour moi. Mais impossible de discuter avec elle. Elle part dans quelques jours pour sa nouvelle campagne d’exploration.

Assez. Une lettre entière de jérémiades, passe une fois, mais pas deux. Tu m’as dit ce que tu avais à dire là-dessus – et que je savais bien ; mais c’est tellement plus convaincant lorsque c’est une autre qui vous le dit. Surtout toi. Je vais donc continuer à méditer tout cela en essayant de ne pas trop me raidir. Mais c’est difficile. Pense à moi, ma douce, et prie pour moi, oui, si tu le veux. (Non, je n’ai pas souri en lisant cette dernière phrase de ta lettre. J’étais très émue. Merci d’être là pour moi.)

Quoi de neuf ? Eh bien, pas grand-chose. La date de l’Assemblée se rapproche et tout le monde commence à s’énerver, surtout celles qui vont participer aux Jeux pour la première fois cette année. Il n’y a pas tellement longtemps (en 472) que la Litale a accepté d’envoyer des dotta aux Jeux des Mères et la perspective du voyage, sans parler de celle des Jeux, affole complètement les petites. On ne peut plus passer dans un corridor de Vertes, le soir, sans entendre de la musique ou des déclamations. Les salles de travail ne désemplissent pas, les salles de gymna non plus. De même, on s’énerve beaucoup à propos de la participation éventuelle des Verts à davantage d’épreuves, et de l’entrée des plus jeunes Bleus dans les Jeux. Le bruit court que certaines Familles (de vilaines Progressistes, bien sûr) ont commencé à entraîner les leurs dès qu’elles ont su que les motions seraient déposées, en novème dernière. On suppute que si l’Assemblée opte en faveur de la motion de Wardenberg, elles insisteront pour qu’elle prenne effet immédiatement et feront entrer leurs participants dans toutes les épreuves permises. Beaucoup d’agitation pour rien, à mon avis. Je serais très étonnée que la motion de Wardenberg soit adoptée. Comme d’habitude, elles ne l’ont maintenue que pour renforcer les chances des motions plus modérées ; ce qui me stupéfie (et me réjouit, certes), c’est qu’il y en ait encore pour tomber dans le panneau. La motion de Llétréwyn sera peut-être adoptée. Ou plutôt non, c’est mon biais de scientifique ; trop de chiffres là-dedans, trop technique. Plutôt celle de Kergoët. De toute façon, on aura de la chance si l’Assemblée se termine dans le mois prévu ! Et la motion choisie (ou la synthèse, plutôt, c’est à souhaiter) reviendra ensuite aux Assemblées provinciales. Les Progressistes ont ouvert là une botte de vers (de Verts, c’est le cas de le dire !) qui n’est pas près d’être refermée.

Quoi qu’il en soit, les discussions vont bon train parmi les Vertes qui doivent concourir cette année. Pas seulement les Vertes, bien entendu. C’est intéressant de constater les clivages et surtout de se demander pourquoi ils existent. J’aurais pensé que l’unanimité se ferait contre la participation des Verts. Mais non ; il semble que d’avoir un peu côtoyé des garçons dans les garderies ait rendu les dotta et les plus jeunes Rouges plus tolérantes. Ou du moins plus ouvertes à la discussion. Il y a quatorze années à peine que Béthély s’est décidée à introduire ce changement – que Selva, dans sa valse-hésitation avec le progrès, l’a introduit, un de ses premiers actes officiels de Mère. Mais elle n’est toujours pas complètement décidée à permettre aux Verts de venir plus souvent à la Capterie, au moins pour les fêtes, et elle ne les admettrait sûrement pas à la Célébration ! Quand se lèvera-t-elle à l’Assemblée, pour le oui ou le non final sur les motions, je ne sais trop. Elle a une façon bien à elle de déjouer mes prévisions. Je sais que Mooreï (dans une logique strictement religieuse, ce qui est… amusant ; ou déconcertant) est pour une plus grande ouverture générale aux Verts – non seulement aux Verts et aux jeunes Bleus, mais aussi aux Bleus adultes et même aux Rouges, et non seulement aux Jeux, mais aux Assemblées, ce qui la met bien plus loin que les Progressistes les plus véhémentes ! Mais ce n’est pas elle qui votera à Serres-Moréna. Dommage. Pour une fois que nous sommes d’accord – et même si ce n’est pas pour des raisons identiques !

Les petites sont divisées là-dessus – je veux dire Lisbeï et Tula. Ou du moins Tula a des opinions bien arrêtées, les mêmes que Mooreï : elle est pour. Lisbeï, comme d’habitude, balance entre le pour et le contre. J’ai l’impression qu’elle serait plutôt contre. (Ne me demande pas pourquoi ! Elles ont été élevées dans la même garderie !) Mais Lisbeï aime trop Tula pour être bien longtemps d’un avis contraire au sien. Ce qui ne laisserait pas d’être inquiétant pour l’avenir si Tula ne devait pas aller comme pupille chez les Angresea dès son premier sang, qui ne saurait plus guère tarder. (Entente classique : le premier Mâle de Lisbeï doit être un Angresea et Twyne, la quatrième de la Mère d’Angresea, doit devenir une pupille de Béthély.) Elles ne le savent toujours ni l’une ni l’autre. Je suis étonnée que Selva ne le leur ait pas dit : l’entente a été ratifiée lors de la dernière Assemblée des Mères. Peut-être que Selva non plus n’envisage pas cette révélation avec allégresse, au fond. Je souhaite seulement de tout mon cœur qu’elle ait la salutaire lâcheté de laisser à Mooreï le soin de le leur apprendre.

Chroniques du Pays des Mères
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